Grandir, vieillir, mourir

Chapô

Au fil des âges, le corps change et il n’est pas toujours facile de renoncer à cette jeunesse qui nous va si bien. Ces diverses changements et évolutions corporelles auxquelles nous sommes confrontés au cours d’une vie ont passionné des centaines d’auteurs. La preuve…

Grandir, vieillir, mourir
Texte

La Voyageuse de nuit de Laure Adler (Grasset, 2020)

Laure Adler est l’autrice d’un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour : la vieillesse. Récit composé de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafés, il revêt la forme d’une enquête tissée de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. Les pages qui le composent relatent une drôle d’expérience vécue pendant quatre ans de recherche et d’écriture, dans ce pays qu’on ne sait comment nommer : la vieillesse, l’âge ?

« Il y a double peine pour les femmes. Les femmes vieillissent dans le regard de la société beaucoup plus vite que les hommes. »    

 

Avoir un corps de Brigitte Giraud (Stock, 2013)

Avoir un corps est la trajectoire d'une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps. Dans cette traversée de l'existence, véritable aventure au quotidien, il est question d'éducation, de pudeur, de séduction, d'équilibre, d'amour, de sensualité, de travail, de maternité, d'ivresse, de deuil et de métamorphoses. L'écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui nous échappe parfois, qui ravit, mais peut aussi trahir. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus énigmatiques.

 

Journal d’un corps de Daniel Pennac (Gallimard, 2012)

Le point de départ de ce récit est le suivant : un grand commis de l'état lègue à sa fille le journal qu'il a tenu de ses 10 ans à sa mort. Il y partage les réflexions que lui ont inspiré son corps au fur et à mesure des années.

« Mercredi 18 novembre 1936. Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose. (13 ans, 1 mois, 8 jours) Jeudi 10 janvier 1974. Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe. (50 ans et 3 mois) Lundi 26 juillet 2010. Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté. (86 ans, 9 mois, 16 jours) »

 

Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (1890)

Dorian, jeune dandy londonien d'une rare beauté, fait la connaissance de Lord Henry Wotton, dit Harry, chez son ami Basil Hallward, un peintre reconnu. Dorian se laisse séduire par les théories sur la jeunesse et le plaisir de ce nouvel ami qui le révèle à lui-même en le flattant. Va alors naître en lui une profonde jalousie à l'égard de son propre portrait peint. Il formule le souhait que le tableau vieillisse à sa place pour pouvoir garder lui-même sa beauté d'adolescent :

« Si c’était moi qui toujours devais rester jeune, et si cette peinture pouvait vieillir !... Pour cela, pour cela je donnerais tout !... Il n’est rien dans le monde que je ne donnerais... Mon âme, même ! »