Ces femmes semeuses d’effroi…
De tout temps, les femmes ont inspiré les romanciers. Tantôt anticonformistes et révoltées comme Jo dans Les Quatre Filles du docteur March de Louisa May Alcott ou reflet d’un rêve de liberté impossible, à l’instar d’Emma Bovary dans le roman éponyme de Flaubert, elles font souvent l’objet du désir des hommes et sont régulièrement mises en rivalité. Au milieu de ces héroïnes, un autre type de personnage féminin, moins aimable, sort du lot… Qui sont-elles ? Empoisonneuses, marâtres, manipulatrices et autres sorcières. La littérature regorge de femmes terrifiantes, capables de faire frémir, au même titre que les hommes. La preuve...
La figure de la sanguinaire
Lady Macbeth dans Macbeth, William Shakespeare (1623)
Froide et manipulatrice, l’anti-héroïne de Shakespeare est un personnage de théâtre connu de la plupart. Dans la tragédie de Shakespeare, elle est présentée comme une ambitieuse sans foi ni loi, au dessein assumé : faire de son mari le prochain roi d’Angleterre. Grâce à une prophétie délivrée par des sorcières, elle comprend avant tout le monde que son mari pourrait bien être le prochain roi. Point de départ de son ambition macabre, cette prophétie la conduit à inciter Macbeth à tuer le roi en place. Si son mari commence par s’opposer au projet, il finit par céder, poussé au crime par une Lady Macbeth n’ayant de cesse de déprécier son courage et sa virilité.
Pour aller plus loin : le personnage de la Marquise de Merteuil, veuve manipulatrice et sans vergogne à (re)découvrir dans Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (1782) ou encore celui de Médée, mère infanticide dans la tragédie éponyme d’Euripide.
Le sang attire le sang.
La figure de la marâtre
Mme Rezeau dite « Folcoche » dans Vipère au poing, Hervé Bazin (1948)
Vipère au Poing d’Hervé Bazin relate les relations intrafamiliales des Rezeau. Dans son œuvre, en partie autobiographique, l’auteur donne à voir une violente satire de la bourgeoisie où les apparences, souvent trompeuses, cachent des maux tus de tous. Paule Rezeau, dite Folcoche est une mère haineuse qui martyrise ses fils, n’ayant de cesse de les frapper et de les humilier. Entre haine et admiration, Jean, le héros, développe des sentiments ambivalents envers cette figure maternelle violente plus complexe qu’il n’y paraît…
Pour aller plus loin : Le personnage de la mère Thénardier dans Les Misérables de Victor Hugo (1862) ou encore celui de la belle-mère de Blanche-Neige dans le conte éponyme des frères Grimm (1812).
Grand-mère mourut. Ma mère parut. Et ce récit devient drame.
La figure de la folle
Annie Wilkes dans Misery, Stephen King (1987)
Annie est une femme simple et peu attirante, fan incontestée de l’œuvre de Paul Sheldon, son écrivain favori. Elle vit dans une ferme modeste et isolée dans laquelle elle recueille, un jour, le fameux Paul, victime d’un accident de voiture. Auteur d’une saga à succès dont l’héroïne se nomme Misery Chastain, il est au départ heureux d’être hébergé et soigné par Annie qui l’admire sans réserve. Au fil des jours, Annie Wilkes commence à montrer un visage tout autre. Cette instabilité psychologique se cristallise le jour où elle découvre que Paul a prévu de tuer Misery dans son prochain roman. Elle entre alors dans une colère noire qui la fait basculer dans la démence.
Pour aller plus loin : Le personnage de Bellatrix Lestrange dans Harry Potter et l’ordre du Phénix de J.K. Rowling (2003) ou encore celui de la Reine de Cœur dans Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll (1865).
Tandis que sonnaient les talons de ses bottes, tandis que la clé cliquetait dans la serrure, il pensa : Elle est venue pour me tuer. Et cette réflexion n'engendra qu'une seule émotion, un soulagement épuisé.